Pour ce nouvel article, je souhaitais aborder un sujet qui est beaucoup revenu sur mon stand lors de mon dernier salon. En effet, quelques visiteurs attirés par la magie de mon univers ésotérique coloré et plein de douceur, se sont interrogés sur le fait qu'au-delà de mes pendules et de mes orgonites, je proposais aussi sur mon étal, des crânes… autrement dit des têtes de mort !!!! Booohouuu !
Cette réflexion qui n'a pas été isolée durant tout mon week-end, m'a beaucoup interpellée sur la signification, parfois lugubre que certains donnent à ce symbole. Alors pour rétablir un équilibre et parce que mes jolis crânes méritent bien plus qu'une image funeste, je vous explique pourquoi, la signification du crâne ou de la tête de mort est empreinte d'une symbolique forte et puissante qui va bien au-delà de la symbolique de la mort !
Tout d'abord, il est vrai que de nos jours le symbole du crâne humain surmontant deux tibias est largement utilisé pour signifier un danger de mort.
Nous retrouvons notamment ce symbole sur les emballages des produits à fort risque de toxicité ou d'empoisonnement. Et là, je vous parle en tant qu'ancienne représentante CSSCT et chargée de communication interne, puisqu'à travers mes différents rôles je devais informer et faire respecter les règles de sécurité d'entreprise de mon ancien employeur. Je ne peux donc pas nier la relation évidente entre la tête de mort et le danger de mort !
D'ailleurs, savez-vous d'où provient l'utilisation macabre et la croyance sinistre autour des crânes ?
Elle tient son origine de la philosophie stoïcienne et son fameux Memento Mori* qui remonte à l’Antiquité. Ce proverbe romain signifie « Souviens-toi que tu es mortel ».
Cette expression serait issue d’une tradition romaine, celle du défilé du triomphe, durant laquelle un esclave rappelait au général victorieux, que malgré sa victoire il connaîtrait lui aussi la mort. Il lui chuchotait « Respice post te, Hominem te esse memento. Memento Mori ! » (« Regarde derrière toi et n’oublie pas que tu n’es qu’un homme. Souviens-toi que tu es mortel. »).
C'est d'ailleurs cette allégorie qu'utiliseront les pirates sur leurs pavillons, car au-delà d'effrayer les navires des marchands ou de leurs adversaires, celle-ci était surtout une ode à la vie et prônait l'importance de la vivre pleinement. En effet, les pirates s'affranchissaient totalement des règles en menant une vie de hors la loi, et bien évidemment cela ne présageait pas une longue existence.
Mais ! Oui, il y a un "mais" sinon je n'écrirais pas cet article, hé hé hé ! Si nous regardons au-delà de l'aspect pratique et informatif du pictogramme que nous connaissons actuellement, nos ancêtres, eux, avaient un tout autre regard sur cette structure osseuse tant redoutée de nos jours lorsque nous la croisons. Faisons donc un petit tour des différentes cultures d'antan.
Le crâne dans l'Antiquité & au Moyen-Âge
Commençons par l'un des philosophes les plus connus de l'époque Antique, Platon. En effet, dans sa dernière œuvre écrite, Le Timée, Platon compare le crâne humain à la voûte céleste et le cerveau à une "graine cosmique". Il indique ainsi dans son ouvrage que :
"la tête (et son contenu) est la demeure de ce qu’il y a de « plus divin » et de « plus sacré » chez l’être humain. La tête est notamment l’extrémité supérieure du corps – et le haut est axiologiquement supérieur au bas" (44d, 90a).
Ou encore : « C’est première selon la naissance et selon l’excellence que le Dieu constitua l’âme afin qu’elle commande et soit maîtresse du corps (δεσπότιν καὶ ἄρξουσαν) en le gardant sous sa domination » (34 c).
Enfin : « Par sa parenté avec le ciel, ce génie divin nous élève au-dessus de la terre, parce que nous sommes une plante non point terrestre mais céleste (φυτὸν οὐράνιον). Car de ce lieu d’où à l’origine a germé la naissance de l’âme, le Dieu tient suspendue notre tête, qui est notre racine (ῥίζαν ἡμῶν), et maintient ainsi droit tout le corps. (90 a-b)».
On pourra donc noter qu'à travers la cosmogonie et philosophie de Platon, déjà à l'Antiquité, l'être humain se questionnait sur sa relation avec les plans supérieurs et que le crâne était en ce sens mystifié et relayé au rang de symbole cosmique.
Source : "Le Timée de Platon"
Pour poursuivre chronologiquement, les peuples païens, comme les Gaulois, les Celtes ou encore les Vikings avaient eux aussi une relation forte avec la symbolique de la tête de "mort".
En effet, pour les Vikings, ces guerriers venus du grand nord issus des premiers peuples germaniques, surtout connus pour leurs très nombreux raids réalisés en Europe entre environ 789 à 1263 de notre ère. (les dates les plus particulièrement connues de l'ère Vikings sont traditionnellement, 793 avec l'attaque du monastère anglo-celtique de Lindisfarne, première attaque documentée et 1066 pour le fin avec la bataille de Stamford Bridge et la mort du Roi Viking de Norvège Harald Hardrada, date qui marquera particulièrement la fin de l'ère Viking en Angleterre), avaient une affection particulière pour les crânes de toutes sortes… mais plus particulièrement pour les crânes de leurs ennemis.
Alors, non ! Ils ne buvaient pas dans le crâne de leurs adversaires, voilà une fausse croyance qui relève plus de la légende qu'autre chose, mais ils considéraient, tout comme la plupart des peuples païens d'ailleurs que le crâne constitué la partie impérissable du corps et qu'il était donc le siège de l'âme. Ils pensaient aussi que dans le crâne résidait l'esprit, la force et la bravoure de leurs ennemis. Les conserver leurs permettait alors de puiser l'énergie et la puissance qui émanaient de chaque guerrier. Cela allait aussi de soi en ce qui concerne les crânes des animaux et notamment des grands gibiers. D'ailleurs ce dernier culte existe encore de nos jours à travers les trophées des chasseurs qui trônent fièrement ou pas dans certains habitats, bien que je doute fortement que les chasseurs contemporains y attachent une quelconque relation spirituelle, si ce n'est celle de la puissance de l'humain sur le règne animal … mais ce n'est pas le sujet ici !
On retrouve aussi cette puissante symbolique chez les Gaulois, dont de nombreux vestiges sont encore visibles aujourd'hui notamment sur le site de l'Oppidum d'Entremont et ses mystérieux bas-reliefs à "têtes coupées".
Dans la cosmogonie nordique*, notamment dans La Völuspá (Prophétie de la voyante en français), un poème anonyme écrit en vieux norrois (langue scandinave médiévale) aux alentours de l'an 1000, y est décrit la création du Monde. On y découvre notamment que le premier être de la création, né du givre et de la chaleur, était un géant prénommé Ymir. Malheureusement, celui-ci fut assassiner par sa descendance, les Dieux Odin, Vili et Vé. De ce parricide s'en suivi la création du monde qui sera constitué des différentes parties de son corps. Son crâne et sa cervelle ayant notamment servis à donner naissance à la voûte céleste et aux nuages.
On notera donc que dans les anciennes croyances païennes, le crâne symbolisait la manifestation divine et éternelle de l'esprit, là où le corps était au contraire la manifestation mortelle de la matière.
Le sujet étant tellement intéressant et vaste, que je ne souhaite pas aller plus loin dans la réflexion au sujet des peuples païens, mais je vous mets tous mes liens* sources en bas d'article afin de vous aiguiller si le sujet vous intéresse.
Au Moyen-âge, le symbole de la Tête de Mort*, signifiait particulièrement le salut de l'âme et nous rappelait à notre propre mortalité.
Le crâne dans les religions
Pour en revenir à l'aspect plus terrifiant, il est vrai que certaines civilisations ou croyances avaient une image un peu plus lugubre du crâne, on parlera notamment des Mayas, dont le Dieu de la mort, appelé Ah Puch, était représenté sous la forme d'un squelette avec un crâne terrifiant parfois orné de cloches ou encore des Hindous dont la Déesse de la mort, Kali, était parée d'un collier de crânes.
Chez les bouddhistes et plus particulièrement dans le bouddhisme tantrique, Yama, Dieu de la mort est un être terrifiant dont la tête est entourée de crânes humains.
Enfin, dans l'iconographie Chrétienne et particulièrement celle représentant la crucifixion du Christ sur le Mont Golgotha appelé aussi "Lieu des crânes" puisque c'est sur cette colline que les romains exécutaient les condamnés à mort, un crâne et des tibias sont traditionnellement placés au pied de la croix de Jésus. Cette représentation provient de la légende qui raconte que les os d'Adam, le premier homme dans les écrits monothéistes, seraient enterrés sur le Mont Golgotha. On raconte alors que lors de son supplice, le sang du Christ aurait coulé sur les os pour racheter les péchés d'Adam.
Cette représentation traditionnelle du crâne au pied de Jésus revêt une symbolique encore plus puissante, puisqu'elle est aussi symbole du passage de la mort à la résurrection.
Le crâne chez les francs-maçons
Le symbole du crâne est aussi très présents chez les francs-maçons*, en effet celui-ci est un rappel de notre condition de mortel. Tirant beaucoup de sa symbolique des cultures païennes, pour le franc-maçon, le crâne représente aussi le siège de l'esprit et de la pensée et là aussi il est associé à la voûte céleste. Il renvoie également au thème alchimique de la putréfaction. Autrement dit à la mort avant la renaissance.
La mort comme rituel de passage étant très répandue dans de nombreuses cultures, c'est tout naturellement que la franc-maçonnerie la met en scène symboliquement dans ses rites, permettant ainsi au profane de marquer son passage et son entrée volontaire dans la confrérie et donc sa renaissance.
Pour en revenir à l'image mentionnée en début d'article, celle du crâne et des tibias croisés, sachez que cette disposition symbolise la séparation entre le corps et l'esprit. Cette représentation fut d'ailleurs utilisée par certains corps militaires (les Hussards "Totenkopfs" Prussiens, les Hussards de la mort en France et plus proche de nous la tristement connue Wehrmacht, armée du IIIème Reich et plus spécifiquement la SS) , exprimant ainsi les valeurs de fidélité jusqu'à la mort. Cet insigne tire son origine des étendards et fanions de certaines tribus germaniques du début du Moyen Âge.
Le crâne au Mexique
Enfin, et pour finir sur une note colorée et joyeuse, je ne pouvais pas écrire cet article sans parler du fameux "Dia de los muertos" mexicain et son célèbre "Calaveras", ce trop joli crâne orné de fleurs et de pampilles qui rend hommage aux ancêtres partis de l'autre côté.
En effet, fervents chrétiens, les mexicains célèbrent chaque année, du 31 octobre au 2 novembre, la Fête des Morts. Cette fête nationale qui existe depuis plus de 3000 ans, tire son origine d'anciens cultes Aztèques puis a fini par être déplacée avec l'arrivée des colons espagnols au XVème siècle, pour coïncider avec les festivités chrétiennes de la Toussaint.
Durant cette période, les proches décédés sont célébrés dans la joie et l'allégresse. Pas question de pleurer ! On danse, on chante, les familles dressent des autels en l'honneur de leurs ancêtres, on décore les maisons mais aussi les rues de fleurs et de papiers découpés, on donne en offrandes de petits calaveras de azucar (crânes en sucre), on jette aussi des pétales de fleurs et on allume des bougies afin de guider les âmes errantes. Enfin et surtout le dernier jour des festivités, de grands banquets sont organisés dans les cimetières afin de passer du bon temps avec les défunts et les raccompagner jusqu'au voile qui sépare nos deux Mondes.
D'ailleurs je vous conseille fortement le magnifique film d'animation Coco qui illustre magiquement cette célébration Mexicaine.
Il est à noter que cette fête est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'Unesco mais aussi dans l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel français.
Si ce n'est pas une belle raison de célébrer la mort ça !
Alors pour finir, oui le crâne peut avoir une connotation assez sinistre mais n'oubliez pas qu'aujourd'hui son image est largement véhiculée comme étant un symbole de liberté, de rébellion et d'insoumission et là je pense particulièrement aux Bikers.
Les adeptes de la culture "Gothique" prônent quant à eux le crâne comme étant un symbole de non conformisme. En bref, il est devenu en quelque sorte un élément de mode que tout à chacun peut adopter pour affirmer son unicité et son envie de profiter de la vie à fond dans ce Monde fait de matière avant de rejoindre celui fait d'énergie divine derrière le voile.
En espérant que cet article vous a plus et surtout vous a fait changer de regard sur ce symbole si craint et pourtant si puissant de sens.
Et si vous souhaitez en adopter un, je vous invite à faire un petit tour sur ma boutique ésotérique en ligne ici : Orgonites | Le Petit Monde de Phanouël (lpmd-phanouel.com), vous y trouverez mes jolis Crânes Orgonites fabriqués et décorés artisanalement avec les plus belles énergies possibles.
Solène A. (ChamSoël)
Sources
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